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L'UTOPIE OU LA MORT
René Dumont (1974, Seuil)
iBouquin:https://mega.nz/file/ARpX0bCJ#ZucEXwQO9vvUhZpFU231TwT-NVehGF_AFQuOJVECWHk
Si t'as les moyens:
https://www.editionspoints.com/ouvrage/l-utopie-ou-la-mort-rene-dumont/9782757884201
Présentation:
Plus de quarante ans après la parution de ce livre événement (1973), on peut mesurer à quel point le signal d’alarme et les analyses de René Dumont quant à la sauvegarde de la planète sont d’une redoutable pertinence.
À partir de faits concrets (épuisement des ressources naturelles, pollution, gaspillage, insuffisance de la production alimentaire, surpopulation, etc.), il déconstruit le mythe de la « révolution verte » productiviste censée nourrir toute la planète.
Face au risque d’un effondrement total de notre civilisation au cours du XXIe siècle, il met au jour le lien entre la croissance exponentielle de la production pour satisfaire la société de consommation et la croissance de la misère perpétuelle dans les pays les plus démunis.
Dumont propose alors de réhabiliter des utopies pour garantir l’avenir de notre planète grâce à une société de sobriété, à la préservation des ressources, à la justice sociale et à la redistribution équitable des richesses.
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René Dumont (1904-2001);
universitaire, agronome spécialisé sur les problèmes de la faim dans le Tiers-monde ; écologiste ; candidat à l’élection présidentielle de 1974 ; un des précurseurs de l’écologie politique.
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Comme de nombreux militants de gauche de cette génération, René Dumont resta marqué par cette « boucherie » [14-18] ce qui explique son « pacifisme intégral » et son antimilitarisme ultérieurs.
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Lors de la scission de la SFIO (Tours, 1920), il se dit plus proche de Blum que des partisans des 21 conditions d’adhésion à l’Internationale communiste, et, de façon plus générale, plus proche des socialistes que des communistes, sauf sur quelques questions, notamment celle du colonialisme. Il s’était enthousiasmé pour la Révolution d’Octobre mais, selon son propre témoignage, il prit rapidement ses distances vis-à-vis de l’Union soviétique puisque, dès 1921, il aurait été en contact avec un groupe d’anarchistes à Montargis ; il fut sensibilisé cette même année par la révolte de Kronstadt.
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Sa passion pour les problèmes agronomiques remontait à une expérience qu’il avait faite en 1923 au Maroc où il se trouvait comme étudiant agronome : il avait vu alors à partir d’un cas précis, les effets de l’intégration de l’agriculture marocaine dans l’économie mondiale. De 1929 à 1933, René Dumont travailla aux services agricoles de l’Indochine puis il entreprit ensuite une ample carrière à l’Institut national agronomique.
À partir des années 1933-1934, René Dumont appartint aux milieux abondancistes et fut membre ou sympathisant de la Ligue du droit au travail, animée par Jacques Duboin*, le théoricien de l’abondancisme depuis 1932. Ce mouvement publia à partir d’octobre 1935 un journal, La Grande relève des hommes par la science. Réfléchissant sur les conséquences de la crise de 1929, les abondancistes étaient partisans d’une « économie distributive » qui reposerait sur une répartition nouvelle du pouvoir d’achat qui permettrait d’absorber l’ensemble des produits de la société industrielle. Lors du Front populaire, René Dumont publia plusieurs articles dans La Grande relève des hommes par la science. Il se prononçait contre la réduction de la production, pour une meilleure distribution et répartition faite par le gouvernement. Il conclut ainsi un de ses articles : « La famine dans l’abondance » : « Au lieu de restreindre, accroître la production jusqu’au taux indispensable au mieux-être général. Au lieu "d’assainir", de détruire, distribuer les excédents à ceux qui en ont besoin, premier pas vers la voie de l’économie distributive. »
René Dumont développa plus longuement ses thèses dans un livre, Misère ou prospérité paysanne, qui fut publié dans la collection du groupe Dynamo, groupe proche des Jeunes équipes unies pour une nouvelle économie sociale (JEUNES). Ce mouvement était composé de techniciens de toutes les branches de la production, répartis en douze commissions, chacune traitant une branche de l’économie nationale. JEUNES, influencé par les thèses de Jacques Duboin, avait alors comme « délégué général » Jean Nocher*. Un compte rendu élogieux du livre de René Dumont parut dans le journal du mouvement, JEUNES, sous la signature de l’ingénieur agronome Henri Deramond (IIe année, n° 10, septembre-octobre 1936). Jean Giono s’exprima également de façon favorable à son égard.
René Dumont entretint de bonnes relations avec Georges Monnet, ministre de l’Agriculture dans les ministères Blum et Chautemps (1936-1937), au cabinet duquel il aurait fait un intérim à l’été 1937.
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, René Dumont resta lié aux milieux abondancistes et il écrivit encore plusieurs articles dans La Grande relève des hommes par la science, tous consacrés aux questions agricoles. En 1939, il participa à une série de conférences faites salle Wagram et salle Poissonnière, qui réunirent divers spécialistes dont l’architecte Le Corbusier. René Dumont y traita de « L’Abondance et l’Empire français ». Durant les mêmes années, il soutint la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP) avec des hommes qui, comme Robert Jospin*, devaient rester parmi ses proches. D’après l’historien Nicolas Offenstadt, la section de la LICP de Montargis se développa, car, selon son fondateur, André Castelbon, elle avait « de bons orateurs ». En 1936, René Dumont y fit une conférence consacrée au « pacifisme et colonialisme ».
« Attentiste » durant la guerre, René Dumont, écrivit des articles sur l’agriculture dans l’hebdomadaire, La Terre française, qui défendait le corporatisme agricole de Vichy. René Dumont devait écrire en 1974 dans Agronome de la faim : « Comme j’avais, en 1943-1944, publié une série d’articles dans Terre française, autorisé et donc contrôlé par les Allemands — il me fallait alerter la masse des agriculteurs sur les évolutions qui s’imposaient — je crus devoir en rendre compte, sans la moindre gêne, à la Libération. Le comité d’épuration du ministère de l’agriculture refusa de me faire passer en jugement. »
Après la Seconde Guerre mondiale, René Dumont enseigna à l’Institut d’études politiques de Paris, tout en continuant sa carrière à l’Institut d’agronomie coloniale. À partir de 1958, il donna également des cours à l’Institut de développement économique et social. Et surtout, il devint un expert de réputation mondiale en matière d’économie agricole dans les pays du Tiers-monde. « Agronome de la faim », il fut un ardent défenseur du Tiers-monde à partir des années 1950, sur le terrain, à l’Organisation des nations unies ou à la FAO. Il fit de très nombreux voyages d’études et fut souvent appelé comme expert ; il publia beaucoup d’ouvrages sur les problèmes agricoles du Tiers-monde, qu’il s’agisse de l’Afrique, de l’Asie ou de l’Amérique Latine.
Il eut des engagements éphémères dans des organisations politiques : la Nouvelle Gauche à l’été 1957, l’UGS à sa création, à Montargis et à Fontenay-sous-Bois en 1960, et il fut membre de sa commission agricole.
Faisant preuve d’un dynamisme débordant, il se présenta à l’élection présidentielle du 5 mai 1974 comme candidat écologiste où il recueillit 337 800 voix (1,32 % des suffrages exprimés). Son style marqua : pas de veste, pas de cravate, un éternel pull-over rouge, des explications et des mots simples associés à des produits (la pomme, le verre d’eau) au service d’une pédagogie de l’écologie. Sans appartenir à un parti politique (« Je suis trop socialiste pour adhérer au PS », déclara-il en mai 1983, lors d’un entretien au journal Le Nouvel Observateur), René Dumont essaya de concilier socialisme et développement dans une perspective écologiste. Il soutint les Verts dont il peut apparaître avec le recul comme des inspirateurs, tout comme il le fut également de l’altermondialisme. Il fut aussi un des fondateurs d’ATTAC.
Désintéressé, toujours sur la brèche, multipliant livres et articles, notant, précisant et corrigeant d’un livre à l’autre ses positions sur la Chine, Cuba et les pays du Tiers-monde, il attira ainsi l’attention du grand public sur le sort de ses habitants, sur les questions environnementales et ce qu’on appelle aujourd’hui le développement durable. Il s’imposa par un style simple et direct, mêlant l’autorité de l’expert au sens de la formule et de sa mise en scène : « Je préfère pêcher par excès que par défaut », devait-il confier au soir de sa vie.
Par l’ensemble de son œuvre orientée sur les aspects du développement, René Dumont contribua à attirer l’attention sur un des problèmes majeurs de notre temps. Comme l’écrit W. Sejeau dans Ruralia, « il s’intéressa de façon large au développement rural, c’est à dire à la satisfaction des besoins fondamentaux... Était-il productiviste ou s’appliquait-il plutôt à répondre à des problématiques sociales (bornées dans le temps) aussi prégnantes que la faim et le rationnement... ? (Il s’efforça) d’enrichir sa démarche des apports des différentes disciplines, l’économie, la géographie, la sociologie ».
https://maitron.fr/spip.php?article23340